Au lendemain du 12 janvier 2015

13 janvier 2015

Au lendemain du 12 janvier 2015

Au lendemain du 12 janvier 2015

« Hélas, l’Histoire donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire. »  Stéphane Hessel

La terre n’a pas tremblé hier comme le craignaient certains citoyens superstitieux. La nature est trop capricieuse pour frapper au même endroit à la même date quand une certaine logique veut faire du 12 janvier une date maudite. Pour en avoir payé les frais tant de fois ces citoyens naïfs auraient dû le savoir pourtant. La crise électorale, n’est pas résolue non plus. Nos politiciens ont crié sur tous les toits que le 12 janvier allait être une date fatidique. Pourtant, Je suis encore surprise de constater qu’elle était presque normale. La population l’a vécu comme les autres « 12 janvier » suivant le séisme. L’habitude remplaçant progressivement la peur,  moins de gens se sont rendus à l’église, partager les photos des disparus ne parait plus nécessaire et les récits des survivants ne font plus autant d’effets qu’avant. Tout est devenu prévisible, une habitude qui se répétera l’année prochaine et les années à venir jusqu’à ce que l’on finit par oublier.

Un ami m’a dit un jour que l’étude de la vie sociale en Haïti est une science exacte. Ici, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets et nous pouvons tous être certains que sur le plan politique tout finira par mal tourner. Il a bien raison. Ainsi, n’étais je nullement en train d’attendre le vote de la loi électorale ni un élan de conscience et de collaboration pour mettre fin à la crise le 12 janvier encore moins à la vielle du 12 Janvier comme le laissaient croire certains acteurs de la crise. Peut-être que nous sommes devenus un peuple accro aux sensations fortes. Il fallait les écouter à la radio parler de fatalité, de chaos, de crise etc. comme si ces mots étaient si légers qu’ils devaient les prononcer à répétition pour faire de l’effet. Après tout, le chaos leur profite bien. Des politiciens qui passeront leur vie sans pouvoir gagner d’élections peuvent devenir ministres un bon matin grâce à la crise pour ne citer que cet exemple.

12 janvier est passé, Ronaldo a eu son ballon d’or, le président a commémoré la mémoire des victimes, mais le pays est encore dans l’impasse. Cette crise penchée sur nos têtes telle une bombe à retardement finira bien par avoir raison de nous. Nous n’allons pas attendre la nature pour offrir au monde un spectacle de mauvais goût, celui d’une catastrophe créée de toute pièce par les enfants de la nation obéissant à leurs vieux démons assoiffés de pouvoir sous le regard complice des étrangers qui nous tiennent en liesse.

Emma Lucien

 

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Commentaires

Dimir
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Ils oublient toujours que la jeunesse a besoin de vivre en paix. ces politiciens traditionnels, ces politiciens "aganman"tiennent le pays en otage afin de defendre leurs interets mesquin.
ON VEUT VIVRE ON VEUT LA PAIX !
Di yo ##BAYAYITIYONCHANS.

Tu as trouvé les mots justes pour decrire la situation du pays. #felicitations Emma.

emmalucien
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Merci. Désolée pour la réponse tardive.