Je sais que je ne suis pas libre!
J’ai grandi dans une petite ville où sur les murs de la cathédrale sont écrit les hommes qu’ont connu chaque femme de la ville. Plus la liste est longue, plus lourd est ton jugement. Tu peux prier tous les saints, ta réputation est faite pour le reste de ta vie. J’ai juré de danser sans culotte sur la flèche de cette cathédrale. Pour cela j’ai dû apprendre à fermer mes jambes même quand je mourrais d’envie de m’offrir car j’avais compris que je ne suis pas libre. Si cette cathédrale n’existe pas, cet exercice d’avilissement des femmes persiste.
Je sais que celui qui me promets monts et merveilles, m’invente les plus belles phrases jamais prononcées est aussi celui qui dira que je suis une traînée le jour que notre histoire se termine. Je sais que les hommes croient fermement détenir le monopole de la polygamie, de l’infidélité, et du désir sexuel indomptable. Je sais que si j’exprime mon désir je ferai peur au mâle qui au fond, malgré ses vantardises doute de sa puissance physique. Je sais que je peux briser le plus confiant des hommes au cours d’un acte sexuel mais je sais aussi qu’il m’anéantira après car le sexe est encore, à certains endroits, un jeu ou seuls les hommes gagnent.
Pauvre de moi ! Si je ne suis pas satisfaite c’est parce que j’aurais couché avec trop d’hommes, j’aurais un sexe trop large, mais toi et ton sexe ridiculement petit ne sont point à juger, je pourrais te dire mille fois que la taille ne compte pas, tu ne me croirais pas. Tu es trop complexé pour te l’avouer mais pas suffisamment pour te retenir de m’insulter. Ce ne sont pas les mots qui manquent d’ailleurs. Les femmes ont inspirées les pires insultes à travers les siècles. Je sais aussi que je n’ai pas encore le droit de déclarer ma flamme. Tu ne me feras jamais confiance, je serai celle qui avait fait le premier pas, je le ferais avec d’autres hommes, toi petit mâle, tu n’es pas encore prêt à faire ce dépassement.
Je ne suis pas encore libre, car si je te repousse, je me fais un ennemi, je porte atteinte à ton honneur et tu te vengeras de moi dès que l’occasion se présentera. Je ne suis pas encore sortie de l’auberge car tu crois que m’aimer et vouloir faire de moi ta femme revient à me faire une faveur. M’épouser c’est m’honorer comme si jamais je ne pourrais faire quoi que ce soit de ma vie qui me rendrait aussi fière que je le serais en étant ta femme. On dirait que la bague que tu me passeras au doigt est un gage de réussite et d’accomplissement couronnant mes expériences et les jours qu’il me reste à vivre.
Je ne suis pas encore libre, je sais que le sexe est encore une arme de domination. Je sais que les tortures ne suffisent pas si je ne me fais pas violée. Le crime n’est pas parfait si le viol n’en fait pas partie.
Je suis censée être une porte que tu ouvres comme tu veux avec ta clé. Pourtant, j’ai la clé de mon plaisir. Non ! Tu n’as aucune clé ! Je ne suis pas la porte qui se laisse ouvrir non plus. Je n’ai pas besoin de toi pour mon plaisir. J’ouvre mes jambes à la liberté, aux rares hommes qui ont compris que je suis leur égale. Je sais que tu vas quand même me trouver un qualificatif peu flatteur mais si je peux me passer de toi, il t’est légèrement plus difficile de te passer de moi. Quelque part dans ma captivité, je te traîne derrière. Tu te souviendras toujours d’où tu sors, d’un corps de femme, d’un sexe de femme et si tu veux encore me minimiser, souvient toi qu’entre mes jambes est ton origine et très souvent, ta fin aussi.
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